Sauf à être un lecteur assidu de Point de vue ou de Paris Match, l’Aga Khan et la Bégum ne sont sans doute pour vous, comme pour l’immense majorité des Français, que des personnalités de la jet-set, dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’elles riment avec grandes soirées, bijoux et champagne.
Pourtant, l’Aga Khan est aux yeux de certains aussi important que le Pape, puisqu’il occupe comme lui une fonction de chef religieux. Imam des ismaïlis, au statut de chef d’État mais sans patrie et de facto sans capitale, Karim, l’actuel Aga Khan, IVe du nom, est riche comme Crésus. Car tous les vingt ans, ses millions de fidèles disséminés de par le monde lui doivent en hommage son poids... en or et en pierres précieuses !
Cette fortune lui permet de s’engager dans des missions quasi humanitaires: l’Aga Khan Development Network investit ainsi dans les pays les plus pauvres, aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrie, l’éducation ou la santé.
Des joyaux, il en est aussi beaucoup question lorsque l’on parle de la Bégum et de ses fameux bijoux. La Bégum est l’épouse de l’Aga Khan. La dernière en date, Gabriele Inaara Aga Khan, d’origine allemande, est héritière d’une famille de riches industriels. Elle vit séparée de l’Aga Khan auquel elle a fort heureusement donné un fils héritier. La Bégum continue à remplir ses bons offices dans de nombreuses institutions caritatives.
Avant Gabriele Inaara, certaines Bégums furent célèbres comme Yvette Blanche Labrousse, épouse de l’Aga Khan III, fille d’un chauffeur de tramway et d’une couturière, mais aussi... Miss France 1930, ceci expliquant l’intérêt de l’Aga Khan d’alors pour Yvette. Comme Gabriele Inaara, elle se convertit à l’islam.
La Bégum a inspiré de nombreuses histoires, dont les fameux Cinq Cents Millions de la Bégum de Jules Verne, parus en 1879, où un Français et un Allemand héritent de sa fortune et construisent avec cet argent deux villes: l’une, écologique avant l’heure, l’autre, cité de l’acier, gigantesque usine à canons. Inutile de vous dire qui est le gentil et qui est le méchant, huit ans après la perte de l’Alsace et de la Lorraine...