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Pourquoi les animaux de la jungle ont-ils des fourrures malgré la chaleur ?

La fourrure, les hommes en portaient à la préhis­toire, pour se tenir chaud dans les cavernes, avant d’aller chasser le mammouth. Aujourd’hui, pour certains, porter de la fourrure est devenu un luxe. De ce point de vue, on peut se demander si les animaux de la jungle, qui n’en ont a priori pas be­soin compte tenu de la chaleur qui règne dans la savane, conservent leur fourrure uniquement pour le style, quand l’évolution aurait dû leur commander de s’en débarrasser.

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Prenez le lion, par exemple. Avec une telle crinière, il doit avoir rudement chaud ; à quoi lui sert-elle sinon à se prendre stupidement dans les branchages et avoir des mèches dans les yeux à longueur de journée ? Sans vous parler des nœuds… Mais un lion sans fourrure, c’est un lion sans prestige ! Elle est le symbole même de sa puissance, de son pouvoir sur les lionnes. Quand ces dernières choisissent le mâle avec lequel elles vont s’accoupler, elles regardent d’abord la crinière. Et ce n’est pas une blague. Lors d’une nouvelle rencontre, tandis que certaines femmes vont d’abord regarder les yeux des hommes, leur sourire ou… leur postérieur (17 % d’après une étude américaine), c’est selon, les félines de la savane, elles, vont se concentrer dans un premier temps sur la fourrure. De quoi donner du fil à retordre à messieurs les lions. Aussi, ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi ce sont les lionnes qui chassent ? Ces mâles sont bien trop coquets, voyons. Prendre le risque d’encrasser leur belle fourrure foisonnante ? Jamais !

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Mais tous les animaux ne sont pas aussi soucieux de leur apparence. Avant toute chose, la fourrure, ce sont des poils, et les poils jouent un rôle protecteur (au même titre que les cils, les sourcils chez l’homme, pour préserver ses yeux des poussières, et même les poils du pubis qui servent à amortir les chocs). Comment ? Grâce à la kératine, une protéine que l’on retrouve sur l’épiderme des animaux. Une substance imperméable à l’eau agissant aussi comme bouclier face aux insectes. Enlever leur fourrure aux bêtes, c’est tout simplement les déshabiller. Imaginez-vous une minute nu dans la jungle au milieu des marécages et des lianes (Tarzan n’est pas un exemple à suivre), trempé par les pluies tropicales, couvert de pustules, entouré de mouches, de moustiques, de fourmis (qui piquent bien sûr), d’araignées, et de serpents ; pas très ragoûtant, mieux vaut un bon treillis ! De même, imaginez une lionne, un léopard, une panthère ou un gorille, nu(e), sans pelage, rien. Imaginez-le (la) surtout chasser. Une tache rose comme ça, dans la savane ocre ou dans les feuillages verts ? Ça ferait un peu… tache, c’est le cas de le dire. Car voilà une autre fonction de la fourrure : le camouflage. La couleur et les dessins du pelage jouent énormément en faveur de ces prédateurs. De même leurs vibrisses (comprenez leurs moustaches), croyez-le ou non, sont utiles pour leur équilibre et leur information sensorielle. En gros, enlevez leur fourrure aux animaux de la jungle et ils deviennent des moins que rien, des incapables, aussi bien pour leur survie dans ce milieu hostile que pour leur réussite personnelle. On se souvient du lion… Comme dans notre société où elle est devenue un luxe (parfois controversé), la fourrure est un signe de réussite sociale et de pouvoir. Les magistrats en portent sur leurs robes ; l’ordre de la Toison d’or des ducs de Bourgogne est un autre exemple. Poilu, dans la jungle où règne la loi du plus fort, c’est donc plutôt un atout.

Jean Baptiste Giraud

Jean Baptiste Giraud est journaliste économique et scientifique depuis 1994. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages à succès, d'une série télé pédagogique pour enfants, d'une application de vulgarisation scientifique classée numéro 1 de l'App Store pendant 3 semaines.