Comment les abeilles font-elles du miel ?
Trésor amassé et secrètement gardé, garant des rêves les plus fous: certains cachent des euros sous leur matelas, au cas où... Folie ? Pas tant que cela, puisque les abeilles font comme eux! Les abeilles stockent le plus possible de nourriture, car l’hiver, elles ne sortent pas. Or il faut bien qu’elles se nourrissent.
Eh oui, ces charmantes petites bêtes qui piquent ne se démènent pas toute la journée pour le plaisir de régaler les enfants au petit déjeuner ou de soulager votre gorge après un coup de froid. Elles fabriquent du miel pour subsister et nourrir toute la colonie. Égoïste, Maya l’abeille?
Organisée surtout, et bosseuse. Rappelez-vous les exposés laborieusement réalisés en cours de sciences naturelles. On voyait la reine des abeilles diriger ses ouvrières et veiller sur elles. Du travail à la chaîne avant l’heure, all life long. Bénévole en plus, où l’on ne gagne que le droit de se nourrir, et parfois de mourir pour protéger la ruche et la reine! Elles ne portent pas le nom d’«ouvrières» pour rien.
Sur les cinquante mille abeilles que compte en moyenne une ruche, toutes ne sont pas dédiées à la production du miel. Mais toutes tendent vers ce seul et unique but. À chaque âge sa spécialité. Enfants, elles nourrissent les petites larves. Ados, elles construisent les alvéoles de cire pour que d’autres abeilles puissent y déposer le nectar des fleurs.
Plus tard, elles transforment le nectar en miel, tassent le pollen, ventilent et nettoient la ruche. Puis elles deviennent gardiennes, pour éviter que n’importe qui – en l’occurrence, un insecte ou la main gantée d’un homme – ne rentre dans la ruche.
Quand elles sont enfin adultes – on n’est jamais qu’aux environs du 21e jour de leur courte vie –, elles partent butiner. Elles peuvent faire des pointes de vitesse à vingt kilomètres à l’heure. Ça n’a l’air de rien, mais c’est la partie la plus difficile et la plus fatigante du job d’abeille.
Pour remplir son jabot – son «estomac à miel» – de nectar, Maya doit butiner une centaine de fleurs. Elle doit aussi ramener du pollen à la ruche, en se repérant par rapport au soleil. Et si jamais elle se perd, malgré ses gros yeux, c’est la mort à la clé.
Enfin, les vieilles abeilles nettoient et réparent. Elles jouent un peu les gardiennes du temple sucré.
Revenons à l’abeille adulte. Arrivée dans la ruche, elle donne le nectar laborieusement récolté à une autre abeille en lui bécotant la trompe.
Celle-ci passe le précieux liquide à une voisine, puis à une autre, jusqu’à la dernière, qui le dépose dans une alvéole. Ça en fait du monde, au passage ! Ce jus contient à ce moment-là quatre-vingts pour cent d’eau.
D’autres abeilles pointent alors leur dard avec un objectif en tête, faire évaporer toute cette eau pour que le liquide soit plus sucré. Elles battent tout simplement des ailes au-dessus des alvéoles, pour ventiler. Puis elles referment l’alvéole avec de la cire afin de le maintenir à l’abri.
Magique! C’est à ce moment-là que le nectar devient gelée royale, avant de se transformer en miel.
L’une des règles d’or pour arriver à produire du bon miel, c’est la hiérarchie. La ruche ressemble à une usine à miel où chacun a son job, sans vraiment pouvoir lorgner sur celui de la voisine : le chef, comme en Angleterre, c’est la reine.
Mais contrairement à Queen Elizabeth II, la chef abeille est beaucoup plus grosse que les autres, et elle pond, elle pond, elle pond! Toute sa vie ou presque. En tout cas, de janvier à octobre non-stop.
Quasiment un œuf toutes les quarante secondes, soit plus de deux millions d’œufs tout au long de sa vie. Pour prendre des forces, elle ne se nourrit que de gelée royale (nous y voilà), que les «petites» abeilles, qui ont entre cinq et quatorze jours, fabriquent grâce à leurs glandes salivaires.
Du coup, elle vit au moins dix fois plus longtemps que les ouvrières, soit cinq ans en moyenne.
Et les mâles dans tout ça? Plus gros que les femelles, ils ne sont que quelques centaines pour plusieurs milliers d’ouvrières.
Le rêve, diront ces messieurs! Pas vraiment. Ils ont peut- être l’honneur et le privilège de faire bzz avec la reine, mais... ils meurent après. À part faire des bébés, ils ne sont pas vraiment utiles à la ruche puisqu’ils ne fabriquent pas de miel et ne partent pas butiner, le dard au vent.
Pas bien utile, le Willie, copain de Maya.
Bien entendu, le miel peut être fabriqué dans une ruche artificielle, chez un apiculteur. Si c’est fait de manière intensive, avec des traitements chimiques et des antibiotiques pour éviter les maladies, la ruche peut produire quatre à cinq fois plus que dans son milieu naturel.
Mais l’inconvénient sur le miel sauvage, c’est que la récolte se fait à chaud, ce qui détruit de nombreuses propriétés du miel, produit vivant.
Enfin, pour ceux qui n’ont pas vu le film d’animation Bee Movie, je réponds tout de même à la question posée dans son scénario: le monde peut-il s’arrêter de vivre sans abeilles, sachant que celles-ci souffrent d’épidémies en pagaille de par le monde en ce moment, quand elles ne sont pas victimes des OGM ? La réponse est assurément oui. Sans abeilles, nombre d’espèces végétales ne se reproduiraient que mal, voire très peu.
Et il faudrait quasiment que tous les humains s’arrêtent de faire autre chose pour polliniser à leur place. Pensez-y la prochaine fois que vous envisagerez d’écraser une pauvre petite abeille entre vos mains ou sous votre pied...